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que les marchands russes n’y trouvaient point à se défaire de leurs marchandises ; il déchargea ses sujets des droits ordinaires ; ce qui lui fit perdre dans cette année vingt mille onces d’argent de son revenu.

Les savans étaient dans une haute estime à la cour de ce grand monarque. L’exercice continuel de tant de vertus avait rendu son gouvernement si glorieux, que les Chinois distinguent son règne par le nom de tey-ping, qui signifie grande tranquillité. C’est l’éloge le plus complet du maître d’un grand empire ; car, si la paix n’est pas toujours le premier bien d’un individu tel que l’homme, si susceptible de passions, ces mêmes passions font que la paix générale est le premier bonheur d’un état et la plus grande gloire du prince.

Tel était le prince dont les missionnaires avaient exercé et même fatigué la clémence. Il avait vu avec indignation les cérémonies chinoises condamnées par le saint-siége en 1709, dans un mandement de Charles de Tournon, archevêque titulaire d’Antioche, que le pape avait envoyé dans cet empire avec la qualité de patriarche des Indes et de légat a latere. Les évêques d’Ascalon et de Macao, soutenus par vingt-quatre jésuites, appelèrent du mandement, et députèrent à Rome les pères Barros et Bauvolier, deux missionnaires du même ordre, pour soutenir la justice de leur appel. L’empereur déclara dans un édit que l’entrée de la Chine serait fermée à tous