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Depuis l’année 1682, où la tranquillité de l’empire se trouva bien établie, il ne manqua point tous les ans de marcher avec une armée dans la Tartarie, moins pour se procurer le plaisir de la chasse que pour entretenir les Tartares dans leurs belliqueuses habitudes, et les empêcher de tomber, comme les Chinois, dans l’oisiveté et la mollesse. Il fit éclater son jugement et sa fermeté en arrêtant les plus dangereuses conspirations avant qu’elles fussent capables de troubler la paix de l’empire. Des témoins oculaires, qui ont résidé long-temps à Pékin, assurent qu’un gouverneur justement accusé n’échappait jamais au châtiment ; que l’empereur était toujours affable au peuple ; que, dans les temps de cherté, il diminuait souvent les impositions publiques, et qu’il faisait distribuer entre les pauvres de l’argent et du riz jusqu’à la valeur de plusieurs millions. Il n’était pas moins libéral pour les soldats : il payait leurs dettes, lorsqu’il jugeait que leur paie n’était pas suffisante ; et, dans la saison de l’hiver, leur faisait un présent extraordinaire d’habits pour les préserver du froid. Les marchands qui exerçaient le commerce avec les Russes se ressentaient particulièrement de sa bonté. Souvent, lorsqu’ils n’étaient point en état de faire leurs paiemens au terme, il leur faisait des avancés de son trésor pour les acquitter avec leurs créanciers. En 1717, le commerce était dans une si grande langueur à Pékin,