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conquise. L’aîné s’excusa sur sa jeunesse, et pria son père de disposer à son gré de sa succession ; mais Khang-hi, le plus jeune, qui était alors dans sa neuvième année, se mit à genoux devant le lit de son père, et lui dit avec beaucoup de résolution : « Mon père, je me crois assez fort pour prendre sur moi l’administration de l’état, si la mort vous enlève à nos espérances. Je ne perdrai pas de vue les exemples de mes ancêtres, et je m’efforcerai de rendre la nation contente de mon gouvernement. » Cette réponse fit tant d’impression sur Chun-tchi, qu’il le nomma aussitôt pour son successeur, sous la tutelle de quatre personnes, par les avis desquelles il devait se gouverner. En 1661, Khang-hi monta sur le trône ; et sa minorité finissant en 1666, il ne tarda pas plus long-temps à régner par lui-même. Bientôt on lui vit donner des preuves de force et de courage. Il renonça au vin, à l’usage des femmes et à l’indolence. S’il prit plusieurs femmes, suivant l’usage de la nation, on ne le vit presque jamais avec elles pendant le jour. Depuis quatre heures du matin jusqu’à midi, il s’occupait à lire les demandes de ses peuples et à régler les affaires de l’état. Le reste du jour était donné aux exercices militaires et aux arts libéraux. Il y fit des progrès si extraordinaires, qu’il devint capable d’examiner les Chinois sur leurs propres livres, les Tartares sur les opérations de la guerre, et les Européens sur les mathématiques.