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C’est vers ce temps que les scandaleuses disputes qui avaient éclaté depuis plus d’un siècle entre les missionnaires de l’habit de saint Dominique et ceux de l’ordre de Loyola, attirèrent à la Chine un nouveau légat de la cour de Rome, Mezza-Barba, patriarche d’Alexandrie, qui n’arriva que pour être témoin des derniers débats terminés par l’entière expulsion des prédicateurs de la foi chrétienne.

Les points contestés se réduisirent à deux : 1o. si, par les mots de Tien et de Chang-ti, les Chinois entendaient le ciel matériel ou le seigneur du ciel ; 2o. si les cérémonies qu’ils observent à l’égard des morts et du philosophe Confucius sont religieuses, ou si ce ne sont que des pratiques civiles, des sacrifices et des usages de piété.

Un jésuite, nommé le père Mathieu Ricci, qui était arrivé à la Chine en 1580, c’est-à-dire environ trente-six ans après que Jasparo de La Cruz, dominicain portugais, y eut introduit l’Évangile, jugea que la plupart de ces cérémonies pouvaient être tolérées, parce que, suivant leur première institution et l’intention des Chinois sensés, dans laquelle on entretenait soigneusement les nouveaux convertis, elles étaient purement civiles.

Au contraire, les dominicains soutenaient que les Chinois, n’adorant en effet que le ciel matériel, se rendaient coupables d’une idolâtrie grossière, et que leurs cérémonies à l’égard des morts étaient des sacrifices réels qui ne