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pou ou d’un corps-de-garde. Lorsqu’un lettré ou un mandarin passe devant ces lieux, il est salué dans sa barque par les soldats de garde, qui le distinguent aux banderoles et aux piques des personnes de son cortége : d’ailleurs il se fait reconnaître en battant trois fois sur de grands bassins de cuivre, qui se nomment los. Tous les jours au soir, en arrivant au lieu du repos, il bat deux ou trois fois du même tambour pour avertir le tang-pou, qui répond par le même nombre de coups, et qui est obligé de garder la barque pendant la nuit. Ces tang-pou se transportent, et sont ordinairement placés à deux lieues l’un de l’autre, mais de manière que le second puisse être vu du premier. Ils ont des sentinelles pour donner les signaux dans l’occasion.

Les missionnaires, ayant pris terre le 16 à Nan-yon-fou, se firent conduire à Nan-ngan, qui est éloigné de six lieues. La route est coupée par la grande montagne de Mé-lin. La grande porte de cette ville fait la séparation des provinces de Quang-tong et de Kiang-si. On marche d’une ville à l’autre par un chemin raide et étroit, mais bien pavé, qui est proprement une chaussée. Jamais Gaubil n’avait vu dans les rues de Paris autant de monde que dans les grands chemins de cette province. Entre Nan-chang-fou et Keng-kyung, on voit la fameuse montagne de La-chan, qui contient, dit-on, trois cents temples ou couvens, avec un nombre infini de bonzes.