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La ville de Macao a toujours payé un tribut pour le terrain des maisons et des églises, et pour le mouillage des vaisseaux. Lorsque les habitans ont quelque intérêt à démêler avec un mandarin qui fait sa résidence à une lieue de la ville, ils se rendent chez lui en corps, avec des baguettes à la main, et lui expliquent leur demande à genoux. Ce magistrat leur répond par écrit et s’exprime en ces termes : « Cette nation barbare et brutale me fait telle demande ; je l’accorde, ou je la refuse. » Telle est l’opinion que le peuple le plus policé de la terre a prise généralement des Européens, qui ont porté chez lui leurs discordes, leur fureur et leur avarice.

Quoiqu’il y ait beaucoup à retrancher des relations des missionnaires jésuites, et que la critique trouve à s’exercer sur beaucoup d’erreurs, on ne peut disconvenir qu’ils n’aient rendu de grands services par leurs cartes et leurs plans, et par les tables de longitude et de latitude qu’ils ont publiées. Les cartes, qui sont au nombre de trente-huit, ont été dressées sur de grands dessins tirés sur les lieux, la plupart de quinze ou vingt pieds de longueur. Tout l’empire fut ainsi dessiné aux frais de l’empereur Khang-hi, qui employa des sommes immenses à cette entreprise, et le travail de huit missionnaires pendant neuf ans. Ils parcoururent toutes les provinces ; ils observèrent les latitudes des principales villes et des lieux remarquables ; mais les longitudes