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une autre porte suivante. Ils le traitèrent avec du thé, et dirent civilement à ses guides : « Sans doute que cet honnête étranger a des ordres pour passer cette frontière. » Le Chinois qui accompagnait Navarette se hâta de répondre : « Il a été fouillé , messieurs ; en voici les certificats. » — « C’est assez, c’est assez », reprirent les soldats ; quoiqu’au fond, remarque le missionnaire, je n’eusse été fouillé nulle part. Il observa curieusement ce passage et d’autres défilés de cette nature qu’il rencontra dans ses voyages. Ils ont, dit-il, si peu de largeur, que deux personnes n’y passeraient pas de front. Une poignée de monde les défendrait contre une armée.

Il gagna bientôt un autre passage assez semblable au premier, mais défendu par une garde beaucoup plus nombreuse. On lui fit de grandes révérences, sans l’importuner par la moindre question. Une femme, passant pour se rendre dans un temple situé assez près de là sur une montagne, fut saluée gravement par les soldats, qui se levèrent à son approche. Elle leur rendit modestement cette politesse. Navarette admira ces usages si opposés à la licence trop commune dans les pays chrétiens. Il y a de quoi, dit-il, nous étonner et nous confondre.

Navarette retourna enfin à Macao. Ce qu’il dit de cette ville peut donner une idée des humiliations que les Portugais dévorent pour être soufferts dans ce petit coin de l’empire chinois.