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kiang, devant partir pour se rendre à Manille, Navarette reçut ordre d’aller remplir sa place dans cette province. Comme il entendait fort bien la langue, et qu’il avait eu le temps de laisser croître sa barbe, ce voyage lui fut beaucoup plus facile que les premiers.

À chaque lieue ou chaque demi-lieue, il trouva des lieux de repos extrêmement propres et commodes. Dans toutes les parties de la Chine, on a ménagé des commodités de cette espèce pour les voyageurs. Tous les chemins d’ailleurs sont excellens. Navarette remarqua aussi quantité de temples, quelques-uns sur des montagnes fort hautes, dont la pente est si escarpée, que la vue seule a quelque chose d’effrayant. Les unes se terminent par de profondes vallées ; d’autres croisent les grands chemins. À l’entrée des dernières, on offre aux passans du thé pour se rafraîchir. Dans d’autres lieux, Navarette trouva de petites maisons habitées par des bonzes, avec leurs pagodes, et des provisions de la même liqueur, qu’ils présentent aux passans avec beaucoup de politesse et de modestie. Ils paraissent charmés de recevoir ce qu’on leur offre ; et leurs remercîmens sont accompagnés d’une profonde révérence. Si on ne leur donne rien, ils demeurent immobiles.

En arrivant aux bords de la province des Ché-kiang, il trouva dans l’intervalle de deux vastes rocs une porte gardée par des soldats qui avaient leur quartier entre cette porte et