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Rien n’est plus connu d’ailleurs que cette politique constante des Chinois, qui ne souffrent jamais que les étrangers pénètrent dans leur empire et y portent leur commerce.

Aussitôt qu’un vaisseau étranger paraît sur la côte de la Chine, il se voit environné de jonques qui lui interdisent non-seulement le commerce, mais jusqu’à la liberté de se procurer des provisions, et de parler même aux habitans ; s’il trouve le moyen de s’approcher du rivage sans avoir été découvert, ceux qui ont la hardiesse de débarquer sont conduits devant le gouverneur du port ou de l’île, qui leur déclare qu’il n’a pas la permission de traiter avec eux. Demandent-ils celle de parler au gouverneur de la province, qui fait ordinairement sa résidence dans quelque ville intérieure, on leur répond par un refus formel, en ajoutant qu’on ne voudrait pas même l’informer qu’il y ait eu des étrangers assez hardis pour entrer dans la province ; enfin, s’ils désirent d’être conduits à la cour de l’empereur, on les assure qu’il en coûterait la vie à celui qui ferait cette proposition à la cour, et à tous les officiers des places qui seraient convaincus d’y avoir participé.

Il est certain que les Chinois sont la plus grave nation qui soit connue dans l’univers. On leur trouve toujours la modestie et l’air composé des anciens stoïques. Celui qui fut envoyé à Batavia pour négocier avec Jean Petersz Coen, gouverneur hollandais, demeura un jour entier assez près de lui dans une grande salle