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Tartarie ; et si la valeur de Koxinga eût été soutenue par la prudence, on ne doute point qu’il ne se fût rendu maître de la Chine ; mais l’orgueil le rendait souvent téméraire. Ses ennemis revinrent de leur frayeur après sa fuite : ils formèrent une flotte de huit cents vaisseaux pour achever sa ruine par mer. Koxinga, peu effrayé de cet appareil, trouva le moyen d’en rassembler douze cents. Les Tartares obtinrent d’abord quelque avantage ; mais le vent l’ayant favorisé, il tomba sur eux avec tant de furie, qu’il détruisit leur flotte entière : ceux qui firent face sur le rivage périrent aussi jusqu’au dernier. Cependant le secours des Hollandais fit changer la victoire de parti. Koxinga, défait dans plusieurs rencontres, et chassé enfin de la Chine, tourna ses armes et sa vengeance contre les Hollandais. Ils avaient obtenu, moitié par insinuation, moitié par violence, un établissement dans l’île de Formose, voisine de la province de Fo-kien ; et c’est à la faveur de cette proximité qu’ils cherchaient à étendre leur commerce dans l’intérieur de la Chine ; mais les Chinois, qui s’étaient rendus moins difficiles sur l’île de Formose, parce qu’ils la regardaient comme hors de leurs limites, ne permirent jamais aucun établissement sur leurs côtes. Koxinga ôta même aux Hollandais leur seule ressource et leur unique abri dans les mers de la Chine ; il les chassa de Formose, ou jamais ils n’ont pu rentrer. Il mourut peu de temps après.