Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cherchant un asile sur les flots, il monta sur un champam, vaisseau de la grandeur d’une pinque, et le seul qu’il put emmener dans la précipitation de sa fuite. Le temps ne lui permit d’emporter que mille ducats ; mais en peu d’années il devint aussi heureux que son père. On vit sous ses ordres jusqu’à cent mille hommes, et vingt mille navires de différentes grandeurs. En 1659, l’empereur Jong-lye, ou Yong-lye, qui fut élevé sur le trône à Canton, lui envoya une ambassade solennelle dans l’île de Hya-muen.

Qué-sing, que les Portugais nommèrent Koxinga, joignait à la force du corps un caractère audacieux, vindicatif et cruel, qualités japonaises qu’il tenait de cette nation par sa mère. Il excellait dans l’usage de toutes sortes d’armes. Comme il était toujours le premier et le plus ardent à la charge, il était couvert de cicatrices. La victoire ne l’avait jamais abandonné dans ses combats contre les Tartares, jusqu’en 1659, qu’ayant entrepris de prendre Nankin d’assaut, il fut repoussé avec un carnage épouvantable ; on prétend qu’il perdit cent mille hommes dans cette expédition, car il avait augmenté prodigieusement le nombre de ses troupes. Ce fut alors que les Tartares prirent le parti de ruiner toute la côte pour lui ôter le pouvoir de continuer ses brigandages. Lorsqu’on apprit à Pékin qu’il avait mis le siége devant Nankin, l’empereur avait pensé à se retirer dans la