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du mogol, sur un théâtre bien bâti, qui servait de soutien au trône impérial. Sa hauteur était d’environ vingt pieds ; et dans toute son enceinte il était environné de plusieurs galeries d’albâtre. Là, après avoir été obligés de se mettre à genoux et de baisser la tête, on leur servit du thé tartare, mêlé de lait, dans des tasses et des plats de bois. Bientôt le carillon des cloches ayant commencé à se faire entendre, toute l’assemblée se mit à genoux, tandis que l’empereur montait sur son trône. Les ambassadeurs ne découvrirent pas aisément sa majesté impériale, parce qu’ils furent obligés de garder leurs places. Les gens de leur suite, qui étaient derrière eux, la virent encore moins au travers d’une foule de courtisans dont elle était environnée.

Ce puissant monarque était assis à trente pas des ambassadeurs. L’or et les pierres précieuses dont son trône était couvert jetaient un éclat si extraordinaire, que les yeux en étaient éblouis. Des deux côtés étaient assis près de lui les princes de son sang, les vice-rois et les grands-officiers de la couronne. On leur servit du thé dans des tasses et des soucoupes de bois. Tous ces grands étaient vêtus de satin bleu, relevé par des figures de dragons et de serpens. Leurs bonnets étaient brodés d’or, et parsemés de diamans et de pierres précieuses, dont le nombre ou l’arrangement distinguait leurs rangs et leurs qualités. De chaque côté du trône paraissaient quarante