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cortége passa directement dans la seconde cour. À peine les ambassadeurs furent-ils assis que celui du grand-mogol, accompagné de cinq personnes d’honneur et d’environ vingt domestiques, vint se placer vis-à-vis d’eux : ceux des Lamas et des Sou-ta-tsés prirent aussi leurs places. Plusieurs personnes de l’empire s’assirent ensuite au-dessous d’eux. Ils furent tous obligés de passer la nuit dans cette situation, c’est-à-dire en plein air et sur des pierres nues, pour attendre sa majesté impériale qui ne devait paraître que le lendemain au matin sur son trône.

De tous les ambassadeurs étrangers, celui des Sou-ta-tsés, qui sont les Tartares du sud, était le plus estimé à la cour de Pékin. Tout ce que Nieuhof put apprendre du sujet de son ambassade, fut qu’il apportait des présens à l’empereur, suivant l’usage des nations qui bordent la Chine. Sa robe était composée de peaux de mouton teintes en cramoisi, et lui tombait jusqu’aux genoux ; mais elle était sans manches. Il avait les bras nus jusqu’aux épaules. Son bonnet, revêtu de martre, était serré contre sa tête, et du centre partait une queue de cheval, teinte aussi en rouge. Ses hauts-de-chausses étaient d’une étoffe légère, et lui descendaient jusqu’au milieu des jambes ; ses bottes étaient si grandes et si pesantes, qu’à peine lui permettaient-elles de marcher : il portait au côté droit un sabre fort large et fort massif. Tous les gens de sa suite étaient vêtus de même,