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prince qui les envoie. Dans l’idée de la nation chinoise, l’empereur ne pouvait, sans se rabaisser beaucoup, recevoir au pied de son trône des étrangers d’un rang inférieur. Les ambassadeurs répondirent qu’ils n’avaient pas l’honneur d’être parens de leur prince, et que l’usage de leur pays n’était pas d’employer des personnes de distinction à cette ambassade. On continua de leur demander quels étaient du moins les emplois qu’ils occupaient à sa cour, quels étaient leurs titres dans leur propre langue, combien ils avaient de personnes sous leurs ordres, et de quoi ils tiraient leur subsistance. Les ambassadeurs, pour détourner apparemment des questions embarrassantes, nommèrent le gouverneur de Batavia, et ces deux noms firent naître aux Chinois d’autres idées. Ils demandèrent ce que c’était que ce gouverneur et que Batavia. Un des ambassadeurs répondit que le gouverneur général, pour l’étendue du commandement, pouvait être comparé aux vice-rois de Canton ; qu’il gouvernait tous les domaines de Hollande aux Indes orientales, et que Batavia, qui en était la capitale, était le lieu de sa résidence.

Sur le rapport des premiers commissaires, le grand-maître, ou plutôt le chancelier de l’empereur, envoya le jour suivant deux gentilshommes aux ambassadeurs pour les avertir de se rendre au conseil impérial avec leurs présens.

Le chef ou le président était assis au fond de