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verbe : « Celui qui veut une femme de taille fine, cheveux bruns, belle jambe et beaux pieds, doit la prendre à Yang-se-fou. » Cependant l’auteur ajoute qu’elles ne sont nulle part à si bon marché : les pères y vendent leurs filles et leurs servantes pour la prostitution.

On entra dans le Hoang-ho, ou fleuve Jaune, dont les eaux sont si bourbeuses et si épaisses, qu’il est difficile de le traverser. On le prendrait dans l’éloignement pour un terrain marécageux ; cependant son cours est si rapide, qu’il n’y a point de barque qui puisse le remonter sans être tirée par un grand nombre de matelots ; il est large d’un demi-mille en quelques endroits, et beaucoup plus dans d’autres : les Chinois mêlent de l’alun dans ses eaux pour les éclaircir.

Le Hoang-ho est fréquenté continuellement par une multitude de grandes et de petites barques ; il offre aussi plusieurs îles flottantes, qui sont l’ouvrage de l’art : c’est un composé de cannes de bambous, dont le tissu est impénétrable à l’humidité. Les Chinois bâtissent sur ce fondement des huttes ou de petites maisons de planches et d’autres matériaux légers, dans lesquelles ils font leur demeure, avec leurs femmes, leurs enfans et leurs troupeaux. Quelques-unes de ces îles flottantes contiennent jusqu’à deux cents familles, dont la plupart subsistent de leur commerce, le long de la rivière ; elles s’arrêtent des mois