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en étaient éblouis. Un autre présent de la ville, c’est un poisson qui se prend aux mois de mai et de juin, dans le Kiang : les Chinois le nommen si-yu, et les Portugais savel. On le transporte deux fois la semaine dans des barques, tirées nuit et jour par des hommes ; et quoiqu’on ne compte pas moins de deux cents milles de Hollande jusqu’à Pékin, il y arrive frais dans l’espace de huit ou dix jours.

Les ambassadeurs hollandais sortaient souvent pour prendre l’air et visiter la ville. Du centre de la place s’élève une grande tour ou un clocher de porcelaine, qui l’emporte de beaucoup sur tout ce que l’art et la dépense ont de plus curieux à la Chine ; il est de neuf étages, et l’on monte huit cent quatre-vingt-quatre degrés pour arriver au sommet ; chaque étage est orné d’une galerie pleine de pagodes et de peintures ; les ouvertures sont fort bien ménagées pour la lumière ; tous les dehors sont revêtus de différens vernis, rouges, verts et jaunes ; les matériaux de ce bel édifice sont liés avec tant d’habileté, que l’ouvrage entier paraît d’une seule pièce ; autour des coins de chaque galerie pendent quantité de petites cloches qui rendent un son fort agréable lorsqu’elles sont agitées par le vent. Le sommet du clocher, si l’on en croit les Chinois, est une pomme de pin d’or massif ; de la plus haute galerie, on découvre toute la ville et le pays voisin au delà du Kiang. Cette merveilleuse tour fut construite par les Chinois pour obéir