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tomber un, il le ramassait soigneusement et le remettait à sa place, en disant : « Ne te reste-t-il pas assez pour te nourrir ? Pourquoi quittes-tu donc mon corps où l’on t’accorde si volontiers ta nourriture ? » Il faut convenir que ces traditions valent bien les nôtres.

Le lendemain ils arrivèrent de grand matin près d’une montagne, à qui sa forme avait fait donner par les Tartares le nom de Tête des cinq chevaux. Sur cette montagne, dont le sommet est couvert dénuées et paraît inaccessible, on découvre plusieurs anciens édifices, les uns entiers, d’autres tombés en ruine. Immédiatement au delà des mêmes montagnes, les barques coururent beaucoup de danger entre des rocs et d’autres passages escarpés, qui se nomment les cinq laids diables. Le canal de la rivière était rempli de barques fendues qui avaient coulé à fond. Enfin l’on gagna Seu-tcheou, dont les collines, entremêlées de vallées charmantes, se présentent du côté de la rivière avec autant d’ordre que si cette disposition était l’ouvrage de l’art. Leur sommet forme une perspective surprenante.

Le 4 avril, on se trouva devant Nam-houng, troisième ville de la province de Canton, et frontière de cette province. Elle est éloignée de Schan-cheu d’environ quarante milles, grande, bien située et fortifiée de murs et de boulevarts. Elle est divisée par la rivière, avec un grand pont de communication. Ses temples