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sous la figure de quelque animal ; et lorsqu’il a satisfait dans cet état à la justice, il redevient homme. Telle est l’explication que les talapoins donnent à la métempsycose, point fondamental de leur religion.

Ils admettent des esprits, mais corporels : les anges mêmes ont des corps de différens sexes. Ils peuvent avoir des enfans, mais ils ne sont jamais sanctifiés ni divinisés. Leur office est de veiller éternellement à la conservation des hommes et au gouvernement de l’univers. Ils sont distribués en sept ordres, les uns plus nobles et plus parfaits que les autres, placés dans autant de cieux différens. Chaque partie du monde, les astres mêmes, la terre, les villes, les montagnes, les forêts, le vent, la pluie, ont une de ces puissances qui les gouverne. Comme elles examinent avec une application continuelle la conduite des hommes pour tenir compte des actions qui méritent quelque récompense, c’est aux anges que les Siamois s’adressent dans leurs besoins, et qu’ils croient avoir obligation des grâces qu’ils reçoivent ; mais ils ne reconnaissent pas d’autres démons que les âmes des méchans, qui, sortant des enfers où elles ont été retenues, errent pendant quelque temps dans le monde, et prennent plaisir à nuire aux hommes. Ils mettent au nombre de ces esprits malheureux les enfans mort-nés, les mères qui meurent dans le travail de l’enfantement, et ceux qui sont tués en duel.