concouru à l’augmenter, l’usage étant à Siam que les rois ne s’illustrent qu’autant qu’ils augmentent considérablement ce trésor, sans qu’il leur soit jamais permis d’y toucher, quelque besoin qu’ils en puissent avoir d’ailleurs.
Constance leur fit visiter ensuite les plus belles pagodes de la ville, qui sont remplies de statues de plâtre, mais dorées avec tant d’art, qu’on les prendrait pour de l’or. Le ministre ne manqua pas de faire entendre qu’elles étaient toutes d’or, ce qui fut cru d’autant plus facilement qu’on ne pouvait les approcher qu’à une certaine distance. Parmi ces statues, il y en avait une de hauteur colossale de quinze ou seize pieds, qu’on avait fait passer pour être de même métal que les autres. Le père Tachard et l’abbé de Choisi y avaient été trompés, et ils ont si peu douté du fait, qu’ils l’ont rapporté dans leurs relations. Quelque temps après leur départ, un accident imprévu mit au jour l’imposture de Constance. La chapelle où cette grande statue était renfermée, s’écroulant tout à coup, brisa le colosse doré, qui se trouva n’être que de plâtre.
Les présens destinés au roi et à la cour de France pouvant contribuer au dessein que Constance se proposait, il épuisa le royaume pour les rendre en effet très-magnifiques. On peut dire, dans l’exacte vérité, qu’il porta les choses à l’excès, et que, non content d’avoir ramassé tout ce qu’il put trouver à Siam, il avait envoyé à la Chine et au Japon pour en