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De Navapoura, on compte quatre-vingt-quinze cosses jusqu’à Brampour. C’est une grande ville ruinée, dont la plupart des maisons sont couvertes de chaume. On voit encore au milieu de la place un grand château qui sert de logement au gouverneur. Le gouvernement de cette province est si considérable, qu’il est toujours le partage d’un fils ou d’un oncle de l’empereur. Aureng-Zeb, qui régnait alors, avait commandé long-temps à Brampour pendant le règne de son père. Le commerce est florissant à Brampour. Il se fait dans la ville et la province une prodigieuse quantité de toiles fort claires, qui se transportent en Perse, en Turquie, en Moscovie, en Pologne, en Arabie, au grand Caire, et dans d’autres lieux. Des unes, qui sont teintes de diverses couleurs à fleurs courantes, on fait des voiles et des écharpes pour les femmes, des couvertures de lit et des mouchoirs. D’autres sont toutes blanches, avec une raie d’or ou d’argent qui borde la pièce et les deux bouts depuis la largeur d’un pouce jusqu’à douze ou quinze. Cette bordure n’est qu’un tissu d’or ou d’argent et de soie, avec des fleurs dont la beauté est égale des deux côtés. Si celles qu’on porte en Pologne, où le commerce en est considérable, n’avaient aux deux bouts trois ou quatre pouces au moins d’or ou d’argent, ou si cet or et cet argent devenaient noirs en passant les mers de Surate à Ormuz, et de Trébizonde à Mangalia,