Le 9, il vit le camp impérial, qu’il nomme une des plus admirables choses qu’il eût jamais vues. Cette grande ville portative avait été dressée dans l’espace de quatre heures ; son circuit était d’environ vingt milles d’Angleterre ; les rues et les tentes y étaient ordonnées à la ligne, et les boutiques si bien distribuées, que chacun savait où trouver ce qui lui était nécessaire. Chaque personne de qualité, et chaque marchand sait également à quelle distance de l’atasikanha, ou de la tente du roi, la sienne doit être placée ; il sait à quelle autre tente elle doit faire face, et quelle quantité de terrain elle doit occuper : cependant toutes ces tentes ensemble contiennent un terrain plus spacieux que la plus grande ville de l’Europe. On ne peut approcher des pavillons de l’empereur qu’à la portée du mousquet ; ce qui s’observe avec tant d’exactitude, que les plus grands seigneurs n’y étaient point reçus, s’ils n’y étaient mandés. Pendant que l’empereur était en campagne, il ne tenait point de dorbar après midi ; il employait ce temps à la chasse ou à faire voler ses oiseaux sur les étangs ; quelquefois il se mettait seul dans un bateau pour tirer : on en portait toujours à sa suite sur des chariots. Il se laissait voir le matin au djarnéo ; mais il était défendu de lui parler d’affaires dans ce lieu ; elles se traitaient le soir au gouzalkan ; du moins lorsque le temps qu’il y destinait au conseil n’était pas employé à boire avec excès.