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avait fait aucune civilité. L’empereur lui dit d’un ton sévère qu’il lui ferait connaître que ses enfans étaient ses maîtres, et que, s’il apprenait une seconde fois qu’il eût manqué de respect à sultan Cosronroé, il commanderait à ce prince de lui mettre le pied sur la gorge et de l’étouffer. « J’aime sultan Coroné, ajouta-t-il, mais je veux que tout le monde sache que je n’ai pas mis mon fils aîné et mon successeur entre ses mains pour le perdre. »

L’armée mogole étant partie avant que Rhoé pût avoir fini ses préparatifs, il ne se vit en état de suivre l’empereur que vers la fin de novembre. Le premier jour du mois suivant, il arriva le soir à Brampour, après avoir trouvé en chemin les corps de cent voleurs qui avaient souffert les derniers supplices. Le 4, ayant fait cinq cosses, il rencontra un chameau chargé de trois cents têtes de rebelles, que le gouverneur de Candahar envoyait à l’empereur comme un présent. On fait souvent de pareilles rencontres dans les états despotiques, où de pareils messages sont très-fréquens.

Le 6, il fit quatre cosses jusqu’à Goddah, où il trouva l’empereur avec toute sa cour. Cette ville, qui est fermée de murailles et située dans le plus beau pays du monde, lui parut une des plus magnifiques et des mieux bâties qu’il eût vues dans les Indes. La plupart des maisons y sont à deux étages, ce qui est fort rare dans les autres villes. On y voit des rues toutes composées de boutiques, qui