même dispensé de lui faire la révérence. Quelques-uns jugèrent qu’il avait cherché à lui faire une querelle, dans l’espérance que le malheureux Cosronroé, qui n’était pas d’humeur à souffrir un affront, mettrait l’épée à la main ou se porterait à quelque autre violence, qui servirait de prétexte aux soldats de la garde pour le tuer. Mais il le trouva plus patient qu’il ne se l’était promis. Le prince se contenta de faire avertir l’empereur par un de ses amis de l’indigne hauteur avec laquelle il était traité. Asaph-Khan fut appelé au dorbar, et l’empereur lui demanda s’il y avait long-temps qu’il n’avait vu son fils. Il répondit qu’il y avait deux jours. « Qu’est-ce qui se passa l’autre jour dans sa chambre ? » continua l’empereur. Asaph-Khan répliqua qu’il n’y était allé que pour lui rendre une visite. Le monarque insistant sur la manière dont elle avait été rendue, Asaph-Khan jugea qu’il était informé de la vérité. Il raconta qu’il était allé voir le prince pour lui offrir son service, mais que l’entrée de sa chambre lui avait été refusée ; que là-dessus, étant responsable de sa personne, il avait cru que son devoir l’obligeait de visiter la chambre de son prisonnier, et qu’à la vérité il y était entré malgré lui. L’empereur reprit sans s’émouvoir : « Eh bien ! quand vous fûtes entré, que lui dîtes-vous ? et quel respect, quelle soumission rendîtes-vous à mon fils ? » Ce barbare demeura fort confus, et se vit forcé d’avouer qu’il ne lui
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