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défiguraient pas la beauté ni la symétrie. Rhoé n’avait pas de chariot, et ressentait quelque honte de ne pas se montrer avec plus de distinction ; mais c’était un mal forcé, dit-il ; cinq années de ses appointemens n’auraient pas suffi pour lui faire un équipage qui approchât de celui des moindres seigneurs mogols.

Il admira le même faste dans la tente du prince Coroné, autre fils de l’empereur, protégé par la cabale ennemie de Cosronroé. Son trône était couvert de plaques d’argent, et, dans quelques endroits, de fleurs en relief d’or massif. Le dais était porté sur quatre piliers aussi couverts d’argent. Son épée, son bouclier, ses arcs, ses flèches et sa lance étaient devant lui sur une table. On montait la garde lorsque Rhoé arriva. Il observa que le prince paraissait fort maître de lui-même, et qu’il composait ses actions avec beaucoup de gravité. On lui remit deux lettres qu’il lut debout avant de monter sur son trône. Il ne laissait apercevoir ni le moindre sourire ni la moindre différence dans la réception qu’il faisait à ceux qui se présentaient à lui. Son air paraissait plein d’une fierté rebutante, et d’un mépris général pour tout ce qui tombait sous ses yeux. Cependant, après qu’il eut lu ses lettres, Rhoé crut découvrir quelque trouble intérieur et quelque espèce de distraction dans son esprit, qui le faisaient répondre peu à propos à ceux qui lui parlaient, et qui l’empêchait même de