je la prierais volontiers d’accepter l’autre, qui était le portrait d’une dame française, et d’une excellente main. Il me remercia ; mais il me dit qu’il n’avait de goût que pour celui qu’il me demandait, et qu’il l’aimait autant que je pouvais l’aimer ; ainsi, que, si je lui en faisais présent, il l’estimerait plus que le plus rare joyau de son trésor. Je lui répondis alors que je n’avais rien d’assez cher au monde pour le refuser à sa majesté, lorsqu’elle paraissait le désirer avec tant d’ardeur, et que je regrettais même de ne pouvoir lui donner quelque témoignage plus important de ma passion pour son service. À ces derniers termes, il s’inclina un peu ; et la preuve que j’en donnais, me dit-il, ne lui permettait pas d’en douter. Ensuite il me conjura de lui dire de bonne foi dans quel pays du monde était cette belle femme. Je répondis qu’elle était morte. Il ajouta qu’il approuvait beaucoup la tendresse que j’avais pour elle ; qu’il ne voulait pas m’ôter ce qui m’était si cher, mais qu’il ferait voir le portrait à ses femmes, qu’il en ferait tirer cinq copies par ses peintres, et que, si je reconnaissais mon original entre ses copies, il promettait de me le rendre. Je protestai que je l’avais donné de bon cœur, et que j’étais fort aise de l’honneur que sa majesté m’avait fait de l’accepter. Il répliqua qu’il ne le prendrait point, qu’il m’en aimait davantage, mais qu’il sentait bien l’injustice qu’il y aurait à m’en priver ; qu’il ne l’avait pris que pour en faire tirer des copies ;
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