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dant il se remit aussitôt, et prit le tigre à la gorge avec tant de fureur, qu’on crut la victoire certaine. Le tigre ne laissa pas de se dégager, et le combat recommença plus furieusement encore, jusqu’à ce que la lassitude les séparât. Ils étaient tous deux fort blessés ; mais leurs plaies n’étaient pas mortelles.

» Après cette ouverture, Allamerdy-Khan, gouverneur de Chisemer, s’avança vers le peuple, et déclara au nom de l’empereur que, si parmi ses sujets il se trouvait quelqu’un qui eût assez de cœur pour affronter une des bêtes, celui qui donnerait cette preuve de courage et d’adresse obtiendrait pour récompense la dignité de khan et les bonnes grâces de son maître. Trois Mogols s’étant offerts, Allamerdy-Khan ajouta que l’intention de sa majesté était que le combat se fit avec le cimeterre et la rondache seuls, et qu’il fallait même renoncer à la cotte de mailles, parce que l’empereur voulait que les avantages fussent égaux.

» On lâcha aussitôt un lion furieux, qui, voyant entrer son adversaire, courut droit à lui. Le Mogol se défendit vaillamment ; mais enfin, ne pouvant plus soutenir le choc de l’animal, qui pesait principalement sur son bras gauche, pour lui arracher la rondache de la pate droite, tandis que de sa pate gauche il tâchait de se saisir du bras droit de son ennemi, dans la vue apparemment de lui sauter à la gorge, ce brave combattant, baissant un