et pour faire passer ses chameaux ; mais la plus insurmontable de toutes les difficultés, est pour aller le soir dans quelque endroit un peu éloigné, parce que les puantes fumées du bois vert et de la fiente des animaux, dont le peuple se sert pour la cuisine, forment un brouillard si épais, qu’on ne distingue rien. Je m’y suis trouvé pris trois ou quatre fois jusqu’à ne savoir que devenir. En vain demandais-je le chemin ; je ne pouvais le continuer dix pas de suite, et je ne faisais que tourner. Une fois, particulièrement, je me vis contraint d’attendre que la lune fût levée pour m’éclairer ; une autre fois je fus obligé de gagner l’agacy-dié, de me coucher au pied et d’y passer la nuit, mon cheval et mon valet près de moi. L’agacy-dié est un grand mât fort menu, qu’on plante vers le quartier de l’empereur, proche d’une tente qui s’appelle nagor-kané, et sur lequel on élève le soir une lanterne qui demeure allumée toute la nuit : invention fort commode, parce qu’on la voit de loin, et que, se rendant au pied du mât lorsqu’on est égaré, on peut reprendre de là les bazars, et demander le chemin. On est libre aussi d’y passer la nuit, sans y appréhender les voleurs. »
Pour arrêter les vols, chaque omhra doit faire garder son camp pendant toute la nuit par des gens armés qui en font continuellement le tour en criant kaber-dar, c’est-à-dire qu’on prenne garde à soi ; d’ailleurs on pose