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ne peuvent échapper au mépris qu’en inspirant la crainte, et ils ne sentent pas que par-là même ils sont très-méprisables.

Mandelslo partit pour Cambaye avec un jeune facteur anglais, qui ne faisait ce voyage que pour l’obliger, et par l’ordre du directeur. La crainte des rasbouts lui fit prendre une escorte de huit pions, c’est-à-dire huit soldats à pied, armés de piques et de rondaches, outre l’arc et les flèches. Cette milice est d’autant plus commode qu’elle ne dédaigne pas de servir de laquais, et qu’elle marche toujours à la tête des chevaux. Elle se loue d’ailleurs à si bas prix, qu’il n’en coûta que huit écus à Mandelslo pour trois jours, pendant lesquels il fit treize lieues. on en compte huit jusqu’au village de Sergountra, dans lequel il ne vit rien de plus remarquable qu’une grande citerne où l’eau de pluie se conserve pendant toute l’année. Cinq lieues de plus le firent arriver à la vue de Cambaye. Il s’y logea chez un marchand maure, dans l’absence du facteur anglais de cette ville.

Cambaye est située à seize lieues de Broïtschia, dans un lieu fort sablonneux, au fond et sur le bord d’une grande baie, où la rivière du May se décharge après avoir lavé ses murs. Son port n’est pas commode ; quoique la haute marée y amène plus de sept brasses d’eau, les navires y demeurent à sec, après le reflux, dans le sable et dans la boue, dont le fond est toujours mêlé. La ville est ceinte d’une fort belle muraille