père en fils, le nom de Rana, qui signifie homme de bonne mine. On prétend qu’il peut mettre sur pied cinquante mille chevaux, et jusqu’à deux cent mille hommes d’infanterie. C’est le seul des princes indiens qui ait conservé le droit de marcher sous le parasol, honneur réservé au seul monarque de l’Indoustan.
Le radja de Rator égale celui de Zédussié en richesses et en puissance ; il gouverne neuf provinces avec les droits de souveraineté. Son nom était Djakons-Sing, c’est-à-dire le maître-lion, lorsque Aureng-Zeb monta sur le trône. Comme il peut lever une aussi grosse armée que le rana, il jouit de la même considération à la cour. On raconte qu’un jour Schah-Djehan l’ayant menacé de rendre une visite à ses états, il lui répondit fièrement que le lendemain il lui donnerait un spectacle capable de le dégoûter de ce voyage. En effet, comme c’était son tour à monter la garde à la porte du palais, il rangea vingt mille hommes de sa cavalerie sur les bords du fleuve. Ensuite il alla prier l’empereur de jeter les yeux du haut du balcon sur la milice de ses états. Schah-Djehan vit avec surprise les armes brillantes et la contenance guerrière de cette troupe. « Seigneur, lui dit alors le radja, tu as vu sans frayeur, des fenêtres de ton palais, la bonne mine de mes soldats. Tu ne la verrais peut-être pas sans péril, si tu entreprenais de faire violence à leur liberté. » Ce discours fut applaudi, et Djakons-Sing reçut un présent.