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pour cette expédition revinrent chargés de richesses. On comptait alors au service du roi de Brama mille hommes de notre nation, commandés par Antonio de Ferreira, né à Bragance, qui recevait du roi mille ducats d’appointemens.

» Les lettres que ce prince avait reçues du calaminham lui promettant un ambassadeur qui devait être chargé de la conclusion du traité, il cessa de compter pour le printemps sur la diversion qu’il avait espérée, et la conquête d’Ava fut renvoyée à d’autres temps. Mais il fit partir le chamigrem son frère avec une armée de cent cinquante mille hommes pour faire le siége de Savadi, capitale d’un petit royaume, à cent trente lieues de Pégou, vers le nord. J’étais de cette expédition à la suite du grand trésorier, avec les six Portugais qui me restaient encore pour compagnons d’esclavage. Elle fut si malheureuse, qu’après avoir été repoussé plusieurs fois, le chamigrem, irrité par ses mauvais succès, résolut de porter la guerre dans les autres parties de l’état. Diosoraï, dont nous étions les esclaves, reçut ordre d’attaquer avec cinq mille hommes un bourg nommé Valeutay, qui avait fourni des vivres à la ville assiégée. Cette entreprise n’eut pas plus de succès. Nous rencontrâmes en chemin un corps de Savadis, beaucoup plus nombreux, qui taillèrent nos Bramas en pièces.

» Dans cette affreuse déroute, j’eus le bonheur d’éviter la mort avec mes compagnons. Nous prîmes la fuite à la faveur des ténèbres,