Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

description dont il espère que l’utilité se fera sentir pour le bien public à toutes les nations où son ouvrage sera connu. Cet édifice est de fort grande étendue, et situé sur le bord de la rivière. C’est une fondation des rois de Portugal, avec un revenu de vingt-cinq mille pardos, qui valent, dit-il, chacun vingt sous de notre monnaie, et trente-deux du pays, mais fort augmenté par les libéralités de divers seigneurs. D’ailleurs le seul fonds royal est un revenu considérable dans un pays où les vivres sont à très-bon marché, et l’excellente administration des jésuites qui le gouvernent[1] sert encore à le multiplier de jour en jour. Ils envoient jusqu’à Cambaye, pour en faire apporter le froment et d’autres provisions. Les autres officiers sont des Portugais et des esclaves chrétiens. Il y a quantité de médecins, de chirurgiens et d’apothicaires, qui sont obligés, deux fois le jour, de visiter les malades ; mais aussi le nombre en est fort grand, quoiqu’on n’y reçoive pas les Indiens, qui ont un hôpital à part ; ni les femmes, qui sont aussi dans un bâtiment séparé. Lorsque Pyrard y fut admis, on en comptait quinze cents, tous Portugais, et la plupart soldats. Ils ont chacun leur lit, à deux pieds l’un de l’autre, composé de plusieurs matelas

  1. On sait que les jésuites, depuis leur expulsion de l’Espagne et du Portugal, n’ont plus aucune administration dans les Indes, mais on se conforme ici au temps où écrivait l’auteur.