Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’île de Guahan ; ils y introduisirent les missionnaires, et par degrés ils subjuguèrent toutes les autres.

L’île de Guahan étant la principale, ils y bâtirent un bon château, dans lequel ils n’ont pas cessé d’entretenir une garnison d’environ cent hommes. Les jésuites y ont bâti deux collèges pour l’instruction des jeunes Indiens de l’un et de l’autre sexe ; et la cour d’Espagne donne chaque année trois mille piastres à ce religieux établissement. Un vaisseau de Manille, envoyé aussi tous les ans, y apporte de l’étoffe et d’autres provisions. Carreri se trompe lorsqu’il ne donne qu’environ dix lieues de tour à l’île de Guahan : elle en a quarante ; elle est agréable et fertile. En général, quoique les îles Marianes soient sous la zone torride, le ciel y est fort serein ; on y respire un air pur, et la chaleur n’y est jamais excessive ; les montagnes, chargées d’arbres presque toujours verts, et coupées par un grand nombre de ruisseaux qui se répandent dans les vallées et dans les plaines, rendent le pays fort agréable.

Avant que les Espagnols eussent paru dans ces îles, les habitans y vivaient dans une parfaite liberté ; ils n’avaient pas d’autres lois que celles qu’ils voulaient s’imposer. Séparés de toutes les nations par les vastes mers dont ils sont environnés, ils ignoraient qu’il existât d’autres terres, et se regardaient comme les seuls habitans du monde. Cependant ils manquaient de la plupart des choses que nous croyons