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autorité. La certitude de la mort n’est pas capable de refroidir leur obéissance. Avec toutes ces qualités, ils sont nécessairement bons soldats, et d’une intrépidité qui ne connaît aucun danger ; mais ils ne savent ni se servir du canon ni manier un fusil. Leurs armes sont de longues javelines, des poignards qu’ils nomment crics ou cris, des sabres et des coutelas. Leurs boucliers sont de bois ou de cuir étendu autour d’un cercle. Ils ont aussi des cottes d’armes, composées de plusieurs plaques de fer qu’ils joignent avec des anneaux. Leurs poignards sont bien trempés, et le fer en est si uni, qu’il paraît émaillé. Ils les portent ordinairement à leur ceinture. Le roi en donne un à chaque enfant dès l’âge de cinq ou six ans, avec le droit de le porter.

La milice ne reçoit point de solde ; mais pendant la guerre on lui donne des habits, des armes, et la nourriture, qui est du riz et du poisson. La plupart des soldats sont attachés aux seigneurs et aux personnes riches, qui les logent et les nourrissent. C’est dans le nombre de ces esclaves qu’on fait consister la puissance et la plus grande distinction des seigneurs de Java. Ils apportent beaucoup de soin à nettoyer leurs armes, qui sont presque toujours teintes de quelque poison subtil, et aussi tranchantes que nos rasoirs. La nuit comme le jour ils ne prendraient pas un moment de repos sans les avoir auprès d’eux. Ils les tiennent sous leur tête en dormant. Craignant sans cesse ou médi-