parce que celui dont le ministère est employé pour la ruine d’autrui est revêtu ordinairement de sa dépouille.
Le pouvoir du roi consiste dans la force naturelle de son pays, dans ses gardes, et dans l’artifice plutôt que dans le courage des soldats. Il n’a pas d’autres châteaux fortifiés que ceux qui le sont par la nature. La milice est composée des gardes du roi, qui viennent faire alternativement leur service à la cour, et de ce qu’on appelle soldats du pays haut, qui sont dispersés dans toutes les parties de l’île. Les gardes se succèdent de père en fils, sans être enrôlés, et jouissent, au lieu de paie, de certaines terres qu’on leur abandonne, mais qu’ils perdent lorsqu’ils négligent leur devoir. S’ils veulent quitter leur service, ils en ont la liberté, en renonçant à leurs terres, qui sont données à d’autres pour les remplacer. Leurs armes sont l’épée, la pique, une arc, des flèches et de bons fusils. Ils n’ont jamais pu défendre les côtes de leur île, qui sont plus nues que leurs montagnes. Cependant ils ont acquis beaucoup d’expérience par les longues guerres qu’ils ont eues avec les Portugais et les Hollandais. La plupart de leurs généraux, ayant servi sous les Européens dans les intervalles de la paix, ont pris le goût de notre discipline, qui les a rendus capables de battre quelquefois les Hollandais et de leur enlever plusieurs forts. Le roi donnait autrefois un prix réglé à ceux qui lui apportaient la