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traiter. Cette galanterie est reçue comme une grande marque d’honneur. Lorsqu’ils mangent en particulier, ils seraient fâchés d’être vus ; et se retirant dans leurs appartemens les plus intérieurs, ils abaissent toutes les toiles et les tapisseries qui sont autour d’eux. Leur table est le plancher d’une chambre, couvert à la vérité d'une natte fort propre, sur laquelle ils sont assis les pieds croisés. Ils ne se servent pas de linge : mais, pour conserver leur natte, ils emploient de grandes feuilles de bananier, qui tiennent lieu de nappes et de serviettes. Cependant leur propreté va si loin, qu’il ne leur arrive jamais de rien répandre. La vaisselle est une sorte de faïence qui leur vient de Cambaye , ou de la porcelaine qu’ils tirent de la Chine, et qui est fort commune dans toutes les conditions : mais on ne leur sert jamais un plat de porcelaine ou de terre qui ne soit dans une boîte ronde d’un assez beau vernis de leurs îles, avec son couvercle de la même matière ; et cette boîte, toute fermée qu’elle est, ne se présente point sans être couverte encore d’une pièce de soie de même grandeur. Les plus pauvres ont l’usage de ces boîtes, non-seulement parce qu’elles coûtent fort peu, mais beaucoup plus à cause des fourmis, dont le nombre est si étrange, qu’il s’en trouve partout, et qu’il est difficile d’en préserver les alimens. La vaisselle d’or ou d’argent est défendue par la loi, quoique la plupart des grands seigneurs soient assez riches pour en user. Ils se servent de cuillères