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DES VOYAGES

Les ossemens du commandant, ayant été déposés l’après-midi dans une bière, on les jeta à la mer avec l’appareil accoutumé. Les lecteurs imagineront, s’ils le peuvent, quelle fut notre douleur durant cette triste cérémonie : ceux qui y assistèrent savent qu’il m’est impossible de l’exprimer.

» Nous n’aperçûmes pas une pirogue dans la baie durant la matinée du 22 ; le tabou qu’Eappo y avait mis la veille, à notre instigation, n’avait pas encore été révoqué. Nous l’assurâmes que nous étions complètement satisfaits, et que le souvenir de ce qui s’était passé avait été enseveli dans le cercueil d’Orono. Nous le priâmes ensuite d’ôter le tabou, et de publier que les insulaires pouvaient selon leur usage nous apporter des provisions. Les vaisseaux furent bientôt environnés d’embarcations du pays ; la plupart des chefs se rendirent sur notre bord ; ils témoignèrent un vif chagrin sur la mésintelligence survenue entre nous, et une grande joie de ce que nous étions réconciliés. Plusieurs de nos amis qui ne vinrent pas nous voir nous envoyèrent de gros cochons et des provisions. Le perfide Koah eut encore la hardiesse de revenir ; mais nous ne voulûmes pas le recevoir.

» Comme nous étions prêts à remettre en mer, le capitaine Clerke, convaincu que, si la nouvelle de nos violences à Oouaïhy arrivait avant nos vaisseaux aux îles situées sous le vent, il en résulterait des effets fâcheux pour