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DES VOYAGES


que sa maison et celles des prêtres, ses confrères, avaient été consumées malgré nous : il nous reprocha légèrement d’avoir manqué d’amitié, et dit quelques mots sur notre ingratitude. Nous ne sûmes qu’alors toute l’étendue du mal que nous leur avions fait. Il nous assura que, comptant sur mes promesses, et sur les assurances postérieures de ceux qui nous avaient apporté les restes du capitaine Cook, ils n’avaient pas transporté leurs richesses dans l’intérieur du pays, ainsi que les autres insulaires ; qu’ils avaient mis dans une maison voisine du moraï ce qu’ils possédaient de précieux et ce que nous leur avions donné, et que tout avait été la proie des flammes.

» En montant à bord, il aperçut les têtes de ses compatriotes exposées sur le pont : elles lui causèrent une émotion très-douloureuse, et il nous pria avec instance de les jeter à la mer. Le capitaine Clerke le—satisfit au même moment.

» Le détachement chargé de remplir les futailles revint le soir aux vaisseaux ; il n’avait pas été interrompu dans son travail. La nuit fut très-désagréable pour nous ; les cris et les lamentations qu’on entendait sur la côte redoublèrent : l’espoir de n’être plus contraints d’employer la violence et la rigueur fut notre seule consolation.

» Ce qui est singulier au milieu de tous ces troubles, les femmes de l’île qui se trouvaient à bord ne demandèrent jamais à s’en aller, et