rent à bord du canot qui nous apporta peut-être
les deux têtes dont je parlais tout à l’heure.
L’effroi n’a jamais été peint aussi fortement sur
le visage de personne ; et il est difficile de concevoir
l’extravagante joie qui succéda à sa profonde
douleur quand nous l’eûmes délié, et que
nous lui eûmes dit qu’il pouvait retourner dans
l’île. Il nous prouva qu’il avait de la reconnaissance,
car il nous apporta par la suite des provisions
pour lesquelles il ne voulut rien recevoir,
et nous rendit d’autres services.
« Peu de temps après l’incendie du village nous aperçûmes un homme qui descendait la colline, et qui était suivi de quinze ou vingt jeunes garçons, dans les mains desquels nous distinguâmes des pièces d’étoffe blanche, des rameaux verts, des bananes, etc. Je ne sais comment il arma que cette paisible ambassade reçut le feu d’un de nos détachemens dès qu’elle fut à la portée du fusil. Cette attaque ne changea rien à leur marche ; ils continuèrent leur procession, et l’officier qui était de service arriva assez tôt pour empêcher une seconde décharge. Lorsqu’ils furent plus près de nous, nous reconnûmes notre ami Kaïrikia ; il avait pris la fuite lorsque nos gens mirent le feu au village ; il était revenu sur la côte, et il avait demande qu’on l’envoyât à bord de la Résolution.
» En arrivant il était sérieux et pensif : nous essayâmes de lui faire comprendre que nous avions été obligés de brûler le village ;