Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
DES VOYAGES


principal but des insulaires qui les construisirent. Ces murs sont composés de pierres mobiles ; les habitans les changent de place avec beaucoup d’adresse, et ils les établissent dans les endroits où ils craignent d’être attaqués. Les flancs de la montagne suspendue sur la baie contiennent aussi de petits trous ou des cernes d’une profondeur considérable, dont l’entrée est défendue par un rempart pareil. Les naturels, cachés derrière ces parapets, harassèrent sans cesse à coups de pierres ceux, de nos gens qui remplissaient les futailles, et les coups de fusil du petit détachement que nous avions sur la côte ne purent les forcer à la retraite.

» Nos travailleurs, ainsi exposés, furent si occupés de leur défense personnelle, qu’ils ne remplirent qu’une : barrique dans le cours de l’après-dînée. Comme il était impossible de faire la quantité d’eau qui nous était nécessaire sans éloigner les assaillans, la Découverte eut ordre de les délogera coups de canon ; quelques décharges suffirent i et nos gens débarquèrent tranquillement. Les naturels néanmoins ne tardèrent pas à reparaître et à recommencer leurs attaques : nous nous vîmes forcés alors de brûler quelques maisons éparses près du puits, derrière lesquelles ils se réfugiaient. Je le dis avec regret, les matelots chargés de ces ordres se livrèrent à une cruauté et à une dévastation qu’on pouvait éviter. Il faut sans doute pardonner quelque chose au ressentiment que leur