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DES VOYAGES


arriver sûr la côte sains et saufs, et sans être aperçus.

» Nous entendîmes jusqu’au lever de l’aurore les cris, les hurlemens et les lamentations tme nous avions entendus la nuit précédente. Le 16, dès le grand matin, nous reçûmes une seconde visite de Koafa ; Je dois avouer que je fus un peu piqué de voir que, malgré les marques les plus manifestes de sa perfidie, et malgré l’assurance positive des prêtres, on lui permettait de jouer la même farce, et de nous regarder du moins comme les dupes de son hypocrisie et de sa dissimulation. Notre conduite, il faut en convenir, était devenue un peu maladroite, et elle ne promettait guère de succès. Aucune des vues qui nous avaient déterminés à ces mesures pacifiques ne se trouvait encore remplie : on n’avait pas répondu d’une manière satisfaisante à ce que nous avions demandé ; notre réconciliation avec les insulaires n’avait pas fait un pas ; ils se maintenaient toujours en force sur le rivage, comme s’ils avaient voulu nous empêcher de débarquer ; et cependant nous étions contraints de descendre dans l’île ; car il n’était plus possible de différer de remplir nos futailles.

» Je dois observer toutefois, en faveur du capitaine Clerke, que, vu là multitude innombrable des naturels, et l’intrépidité avec laquelle ils semblaient nous attendre, une attaque n’aurait pu se faire sans quelque danger, et que la perte d’un nombre d’hommes, même