nières classes, c’est-à-dire avec des domestiques
et des pêcheurs. Il n’en fut plus de même. La
multitude immense des insulaires qui remplissait
chaque partie des vaisseaux leur procura
des occasions fréquentes de nous piller sans
risque d’être découverts ; et comme ils étaient
très-supérieurs en nombre, ils espéraient sans
doute que leurs vols demeureraient impunis, si
nous venions à nous en apercevoir. Nous attribuâmes
d’ailleurs ce changement de conduite
à la présence et à l’encouragement de leurs
chefs ; car, en général, nous trouvâmes dans les
mains des grands personnages de l’île les choses
qu’on nous avait dérobées, et nous eûmes
bien des raisons de croire que les larcins avaient
été commis à leur instigation.
» La Résolution fut à peine au mouillage, que nos deux amis Paria et Kaninê amenèrent à bord un troisième chef nommé Koah, qui, selon ce qu’on nous dit, était prêtre, après avoir été dans sa jeunesse un guerrier distingué. C’était un petit vieillard fort maigre ; il avait les yeux très-rouges et très-malades, et le corps couvert d’une gale blanche, lépreuse, effet d’un usage immodéré de l’a va. On le conduisit dans la grande chambre, et il s’approcha avec beaucoup de respect du capitaine Cook ; il lui jeta sur les épaules un morceau d’étoffe rouge qu’il avait apporté ; il fit quelques pas en arrière, et il lui présenta un petit cochon, qu’il tint dans ses mains en prononçant un long discours. Cette cérémonie fut souvent velée