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DES VOYAGES


guerre qu’ils venaient de déclarer à une île voisine. Nous avions appris des îles des Amis et de la Société, qu’avant de marcher à l’ennemi les chefs s’efforcent toujours d’exciter et d’enflammer le courage du peuple par des fêtes et des réjouissances nocturnes, et il paraît qu’on observe ici un usage à peu près pareil.

» La nuit ne fut troublée que par des cris et des lamentations qui venaient de la côte. Koah arriva le long de la Résolution le 15 de grand matin ; il apportait des étoffes et un petit cochon, qu’il demanda la permission de m’offrir. J’ai déjà observé que les insulaires me croyaient fils du capitaine Cook ; comme il les avait toujours laissés dans cette opinion, ils pensaient vraisemblablement que depuis sa mort j’étais le chef des vaisseaux. Je me rendis sur le pont ; je lui parlai du corps de notre commandant : n’ayant reçu de lui que des réponses ambiguës, je refusai ses présens, et je l’aurais renvoyé en lui exprimant ma colère et mon ressentiment, si le capitaine Clerke n’avait jugé plus convenable de garder, à tout événement, l’apparence de l’amitié, et de le traiter avec les égards ordinaires,

» Ce perfide insulaire vint le soir auprès de nous, à diverses reprises ; il apportait des bagatelles dont il voulait nous faire présent ; ayant toujours remarqué qu’il examinait avec attention chaque partie du vaisseau, j’eus soin de lui montrer que nous étions en état de nous défendre.

Tome XXX                                                                                      4