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HISTOIRE GÉNÉRALE


tenir un pourparler, et d’entrer en conférence avec quelques-uns des chefs,

» On me chargea, si cette première tentative avait du succès, de réclamer les corps de nos camarades, et celui de notre commandant en particulier ; de menacer de notre vengeance les habitans de l’île, en cas de refus ; mais de ne pas tirer, à moins qu’on ne m’attaquât ; et, quoiqu’il pût arriver, de ne point descendre à terre. On me donna ces ordres devant tout le détachement, et de la manière la plus positive.

» Je quittai les vaisseaux à environ quatre heures du soir ; et, à l’approche du rivage, tout m’annonça que nous y serions reçus en ennemis. La foule était en mouvement ; les femmes et les enfans se retiraient ; les hommes mettaient leurs nattes de combat, et s’armaient de longues piques et de dagues. J’observai aussi que, depuis le matin, on avait construit des parapets de pierre le long de la grève où le capitaine Cook avait débarqué ; il me sembla que les insulaires s’attendaient à une attaque dans cette partie. Dès que nous fûmes à leur portée, ils nous jetèrent des pierres avec des frondes ; mais ils ne nous firent aucun mal : je jugeai que je m’efforcerais en vain de leur proposer une négociation, si je ne commençais par quelque chose qui pût rétablir la confiance, et j’ordonnai à mes embarcations armées de s’arrêter : je pris le petit canot, et je m’avançai seul, un pavillon blanc à la main. J’eus la sati-