Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
HISTOIRE GÉNÉRALE


qu’il avait envoyé ses deux fils dans notre canot, où ils se trouvaient déjà lorsque le combat s’engagea sur le rivage, et qu’on ne pouvait le soupçonner en aucune manière ; qu’il était aisé d’expliquer la conduite de ses femmes et des éris par les préparatifs d’hostilité qui se faisaient dans la baie, et la frayeur que leur inspirèrent les soldats armés avec lesquels le capitaine Cook avait débarqué ; que ces dispositions étaient si contraires à l’amitié et à la confiance qui avaient régné jusqu’alors enire les insulaires et nous, que, si les naturels avaient pris les armes, c’était évidemment pour défendre leur roi, dont ils supposaient, non sans raison, que nous voulions nous assurer de force, et qu’il était naturel d’attendre cette démarche d’un peuple rempli d’affection et d’attachement pour ses chefs.

» À ces motifs d’humanité on en ajouta d’autres que dictait la prudence ; on observa que nous manquions d’eau et de nourritures fraîches ; qu’il faudrait six ou huit jours de travail pour établir notre mât de misaine ; que le printemps approchait, que nous devions nous occuper uniquement de notre campagne au nord ; que, si nous nous livrions à des projets de vengeance contre les insulaires, on pourrait nous accuser d’une cruauté inutile, et que leur exécution produirait un délai inévitable dans l’équipement des vaisseaux.

» Le capitaine Clerke appuyait ce dernier avis. Quoique bien convaincu que des actes