Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
DES VOYAGES


dant, et nous ayant obligés à nous rembarquer, ce succès devait leur inspirer de la confiance ; je ne doutai pas que le petit avantage remporté sur nous la veille ne les excitât à d’autres entreprises plus dangereuses encore, et je le crus d’autant plus, que ce qu’ils avaient vu jusqu’alors ne pouvait leur donner une grande crainte de nos armes à feu : en effet, ce qui surprit tout le monde, nos canons et nos fusils n’avaient produit aucun signe de frayeur parmi eux. De notre côté, les vaisseaux se trouvaient en si mauvais état, et la discipline était si relâchée, que, si les insulaires nous eussent attaqués la nuit suivante, il eût été bien difficile de prévoir les nouveaux malheurs qui nous seraient arrivés.

» La plupart des officiers eurent les mêmes craintes que moi, et rien ne sembla plus propre à encourager les insulaires à nous livrer un assaut général que de montrer de la disposition pour un accommodement, dans lequel ils ne verraient que de la faiblesse ou de la peur.

» On disait avec raison, en faveur d’un parti plus modéré, que le mal était fait et irréparar blej que les témoignages d’attachement et de bienveillance que nous avions reçus des insulaires avant la malheureuse catastrophe méritaient beaucoup d’égards ; que l’accident affreux dont nous gémissions n’avait pas été la suite d’un dessein prémédité ; que Terriobou n’avait pas su le vol, qu’il s’était prêté de bonne grâce à accompagner le capitaine Cook ;