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DES VOYAGES


rivé à bord, que j’entendis le feu des soldats de manne. Je retournai tout de suite à terre, où les choses prirent dé moment en moment une tournure plus fâcheuse. Les insulaires s’armaient ; ils se revêtaient de leurs, nattes de combat, et leur nombre s’accroissait rapidement : j’aperçus aussi dés troupes nombreuses qui s’avançaient vers nous le long de la côte.

» Ils commencèrent d’abord à nous attaquer avec des pierres, qui partaient de derrière les murs de leurs enclos ; et comme nous n’usâmes point de représailles, ils ne tardèrent pas à devenir plus audacieux. Quelques-uns de leurs guerriers les plus détermines s’étant glissés le long du rivage, couverts par des rochers, se montrèrent tout à coup au pied du moràï, et selon ce qu’il me sembla, dans le dessein de l’assiéger du côté qui est en face de la mer, la seule partie accessible. Ils ne furent délogés qu’après avoir soutenu un grand nombre de coups de fusil, et vu un de leurs camarades tué.

» La bravoure d’un de ces guerriers mérite d’être citée. Étant revenu sur ses pas, au milieu du feu de tout notre détachement, pour emporter son camarade, il reçut une blessure qui l’obligea d’abandonner le corps : il reparut peu de minutes après ; et, blessé de nouveau, il fut obligé de se retirer une seconde fois. J’arrivai au moraï dans ce moment, et je le vis revenir pour la troisième fois tout couvert de sang et tombant en défaillance ; instruit de ce qui ve-