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DES VOYAGES


rent personne, mais ils donnèrent aux habitans de l’île une preuve démonstrative de nos forces. L’un des boulets brisa par le milieu un cocotier sous lequel quelques-uns d’entre eux se trouvaient assis, et l’autre enleva des fragmens d’un rocher qui était sur la même ligne. Comme je venais de leur dire d’une manière très-positive qu’ils n’avaient rien à craindre, cet acte d’hostilité m’affligea beaucoup, et afin d’en prévenir de nouveau, j’envoyai tout de suite un canot au capitaine Clerke : je l’avertis que j’étais en bonne intelligence avec les naturels, et que, si je me voyais contraint de changer de conduite à leur égard, j’arborerais un pavillon pour lui demander des secours,

« Nous attendîmes avec une extrême impatience le retour du canot, et après avoir passé un quart d’heure dans l’inquiétude la plus affreuse, M. Bligh vint nous dire que nos craintes n’étaient que trop bien fondées ; il avait ordre d’abattre les tentes le plus promptement possible, et d’envoyer à bord la voilure qu’on réparait dans l’île. Notre ami Kaïrikia, instruit de la mort du capitaine Cook par un de ses compatriotes qui s’était trouvé de l’autre côté de la baie, arriva au même instant ; la douleur et la consternation étaient peintes sur son visage, et il me demanda si la nouvelle était vraie.

» Notre position devenait extrêmement critique : nous n’étions pas seulement en danger de perdre la vie ; le fruit de notre expédition, ou au moins un des vaisseaux, courait aussi de