Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
DES VOYAGES

» Cherchant à faciliter l’évasion de leurs malheureux camarades, si quelques-uns d’entre eux étaient encore en vie, ceux de nos gens placés dans les canots postés à environ soixante pieds du rivage tirèrent sans cesse durant le combat. Leurs efforts, secondés par. quelques coups de canon qui partirent en même temps de la Résolution, ayant enfin obligé les naturels à se retirer, une de nos petites embarcations alla à l’aviron vers la côte : les corps de nos soldats de marine étaient étendus sans aucun signe de vie ; mais étant trop peu de monde pour les ramener sans danger, et voyant leurs munitions presque épuisées, ils revinrent au vaisseau, obligés de laisser entre les mains des insulaires nos morts et dix armures complètes

» Quand la consternation que cette calamité îeta parmi les pirogues eut un peu diminue, on s’occupa du détachement posté au moraï, où je me trouvais avec les mâts et les voiles, et une garde composée seulement de six soldats de marine. Il m’est impossible de décrire tout ce que j’éprouvai durant l’affreux carnage qui eut lieu de l’autre côté de la baie. Placés à moins d’un mille du village de Kaouroua, nous aperçûmes distinctement une foule immense rassemblée à l’endroit où le capitaine Cook venait de débarquer ; nous entendîmes le feu de la mousqueterie, et nous aperçûmes un mouvement et un tumulte extraordinaire parmi la multitude : nous vîmes ensuite les naturels s’en-