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HISTOIRE GÉNÉRALE


nous : la foule était immense. Ils témoignèrent leur joie par des chants et des cris, et ils firent toutes sortes de gestes bizarres et extravagans. Ils ne tardèrent pas à couvrir les côtés, les ponts et les agrès des deux vaisseaux ; une multitude de femmes et de petits garçons, qui n’avaient pu se procurer des pirogues, arrivèrent à la nage, en formant sur la surface de la mer de vastes bancs. La plupart, ne trouvant point de place à bord, passèrent la journée entière à se jouer au milieu des vagues.

» Parmi les chefs qui vinrent sur la Résolution, nous distinguâmes un jeune homme appelé Paria ; nous reconnûmes bientôt qu’il jouissait d’une grande autorité. Lorsqu’il se présenta devant le capitaine Cook, il dit qu’il était djakani[1] du roi de l’île ; que le prince était occupé à une expédition militaire à Mooui, et qu’il devait arriver dans trois ou quatre jours. Quelques présens l’attachèrent complètement à nos intérêts, et il nous servit beaucoup pour contenir ses compatriotes. Nous aperçûmes bientôt que la Découverte, surchargée d’insulaires, penchait trop d’un côté, et que son équipage ne pouvait écarter la foule nombreuse qui continuait à y entrer. Le capitaine Cook, craignant les suites de cet empressement, fit part de ses inquiétudes à Paria. Celui-ci se rendit sur-le-champ auprès du capi-

  1. Nous rencontrâmes ensuite plusieurs autres insulaires qui portaient le même titre ; mais nous n’avons jamais pu savoir d’une manière précise si le terme de djakani désigne un emploi ou un degré d’alliance ou de parenté avec le roi.