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HISTOIRE GÉNÉRALE


du village de ce côté de la baie où nous étions ne devaient pas avoir la plus légère crainte. Je les priai d’expliquer ma réponse au peuple, de le rassurer et de l’exhorter à demeurer tranquille. Kaou me demanda avec beaucoup d’inquiétude si on ferait du mal à Terriobou : je l’assurai que non ; et il parut, ainsi que ses confrères, satisfait de ma promesse.

» Le capitaine appela sur ces entrefaites la chaloupe de la Résolution, qui était en station à la pointe septentrionale de la baie : l’ayant prise avec lui, il continua sa route vers Kaouroua, et débarqua ainsi avec le lieutenant et les neuf soldats de marine. Il marcha tout de suite au village, où il reçut les marques de respect qu’on avait coutume de lui rendre ; les habitans se prosternèrent devant lui, et ils lui offrirent de petits cochons selon leur usage. S’apercevant qu’on ne soupçonnait en aucune manière ses desseins, il demanda où étaient Terriobou et ses deux fils, qui avaient si souvent mangé à sa table sur la Résolution. Les deux jeunes princes ne tardèrent pas à arriver avec les insulaires qu’on avait envoyés après eux, et sur-le-champ ils conduisirent le capitaine Cook a la maison, où leur père était couché. Le vieux roi était à moitié endormi : le capitaine ayant dit quelques mots sur le vol de la chaloupe, dont il ne le supposait point du tout complice, il l’invita à venir aux vaisseaux et à passer la journée à bord de la Résolution. Le roi accepta la proposition sans balancer, et il